Texte : Sophie Vermande

C’est sur la route menant à la station thermale de Ravine chaude, à quelques kilomètres de leur plantation de cacao, que Sylvie Germain et Jean-Claude Zadigue accueillent depuis une dizaine d’années scolaires, touristes et « locaux », désireux de découvrir ou redécouvrir le patrimoine créole.
Sous les tôles de leur grande terrasse où s’alignent tables et bancs suggérant de joyeuses agapes, Sylvie et Jean-Claude, les fondateurs de « l’Association pour la promotion du tourisme rural caribéen » partagent avec leurs hôtes leur amour de l’île et des traditions qui s’y rattachent. Les thèmes abordés sont très variés : on vient au Mayolé - c’est le nom de la structure - découvrir, durant une journée, l’univers du cacao ou celui de la charrette ; le Noël traditionnel ou le carnaval ; le ouassou (l’écrevisse de rivière de la Guadeloupe) ou le mayolé, une ancienne danse qui, telle la capuera brésilienne, se pratique avec un bâton.
Quel que soit le thème choisi, les participants à ces journées peuvent se concocter un programme à la carte avec petit-déjeuner traditionnel à base de cacao local parfumé d’épices - une recette « maison » que Sylvie ne dévoile pas - et café local, avant le départ : à la cacaoyère, pour ceux qui choisissent de découvrir l’univers du cacao ; au marché, pour ceux qui décident d’apprivoiser les épices locales ; à la Pointe des Châteaux, si l’on veut assister au lever du soleil.
Pour rejoindre la plantation de cacao, plusieurs solutions : la voiture, ou plus pittoresque, la charrette. Les amateurs de marche emprunteront, quant à eux, l’un des itinéraires conseillés par Sylvie. Là encore, c’est le client qui décide ! C’est donc dans l’une des dernières plantations de cacao de Guadeloupe, à Chouchou au Lamentin, que la découverte du petit arbre aux branches tourmentées, introduit par Cortez au milieu du XVIIe siècle dans les Caraïbes et la Guadeloupe, se poursuit.
Aujourd’hui, rares sont les Guadeloupéens qui exploitent encore le cacao. Les ressources de la cacaoyère de Jean-Claude et Sylvie, propriété familiale vieille de plus de cent ans, servent uniquement aux animations pleine-nature. « Le but est de protéger un arbre en voie de disparition et de développer le tourisme rural », indique Sylvie, ancienne journaliste, reconvertie pour son plus grand bonheur. La pause déjeuner du midi est l’occasion d’un pique-nique au bord de la rivière. Au choix, cailles aux amandes et au cacao, poulet au cacao, porc au cacao, accompagné de gratin de légumes du jardin. Des recettes mises au point par Sylvie et Jean-Claude car bizarrement, il n’existe pas en Guadeloupe de tradition culinaire à base de cacao. « Auparavant, le cacao était cultivé, mais il n’était pas exploité ici ; il était exclusivement destiné à l’exportation », explique Sylvie. « Nous n’avons donc pas de recettes traditionnelles à base de cacao, à part la tisane de cacao appelée dlo caco, composée de cacao fondu dans de l’eau et d’épices, le tout mélangé à de la farine de manioc, parfois du dictame ou du fruit à pain rôti ». Les inconditionnels de la culture créole et les curieux opteront pour un petit-déjeuner au tan lontan - le didico - constitué de chiquetaille de morue (de la morue séchée coupée en petits morceaux), de concombres, de farine de manioc...

L’après-midi est consacré à la pratique. Montage de charrette avec l’un des derniers charrons, confection de nasses à ouassous, travail des fèves de cacao, préparation de confiture de coco, de doucelettes, de gelée de goyave et autres marmelades ou d’un colombo de cabri avec les épices découvertes le matin même au marché : chacun participe avant de repartir avec sa propre production ou de la déguster le soir même autour d’un grand repas convivial.
Contact
Le Mayolé
Route de Ravine Chaude
Lamentin.
Tél. : 05 90 25 79 70.
L’association peut organiser des séjours. Les participants sont alors logés dans de petites structures hôtelières ou des gîtes de la région du nord Basse-Terre, une région agricole où la culture de la canne à sucre prédomine.