Texte : Nathalie Maisonneuve
Photos : Nathalie Maisoneuve et Lucie Brousse
Vohimana, littéralement « la colline de la nostalgie », perchée à des altitudes variant entre 700 et 1014 m, est une « forêt vivante » : très riche en biodiversité, les villageois l’utilisent comme source de nourriture, d’eau, de matériels de construction et pour l’élevage. La flore et la faune évoluent dans 1600 hectares menacés par la culture sur brûlis (une méthode d’agriculture traditionnelle appelée « tavy »), par les collectes de bois et la surexploitation des ressources naturelles marchandes. Si la culture sur brûlis est une pratique ancestrale chez les Betsimisaraka qui peuplent cette région, l’accroissement de la population les contraint à une déforestation plus intense de jour en jour, entraînant un déséquilibre écologique dans la zone, et conduisant les populations locales à devoir chercher des alternatives.
La gestion du site de Vohimana ayant été confiée à l’ONG « L’Homme & l’Environnement », cette dernière a proposé aux villageois de se tourner vers l’écotourisme comme ressource alternative, tant la biodiversité de la zone est exceptionnelle.
Les Betsimisaraka ont été sensibilisés et formés à la gestion de relais de naturalistes ainsi qu’aux diverses activités génératrices de revenus initiées par l’ONG, telles que la collecte des feuilles, la gestion de la distillerie, de la pépinière et la ferme agricole expérimentale. La communauté souhaite arriver à terme à une autonomie dans la gestion du projet qui lui permettrait de ne plus avoir à chercher des emplois ailleurs.
Les visiteurs de Vohimana pourront y admirer de très rares espèces d’oiseaux comme l’Aigle de serpentaire ou l’Ibis à crête. Ils pourront découvrir la forêt tropicale humide à travers les 20km de sentiers balisés, participer à la collecte des feuilles de plantes médicinales pour la fabrication d’huiles essentielles, observer l’alambic, participer au programme de reboisement ou apprendre les techniques de vannerie avec les femmes Betsimisaraka.
Localisation
Entre Andasibe et Beforona, dans la sous préfecture de Moramanga, à 3 heures de route d’Antananarivo, par la RN2 vers Tamatave. Parking au village d’Ambavaniasy, 45 minutes de marche pour arriver jusqu’au relais du naturaliste (hébergements des visiteurs) sans aucune difficulté particulière. Sentier agréable le long de la rivière traversant forêt secondaire et rizière.
Contact
l’ONG « L’Homme & l’Environnement
Lot II V 102 B, Ampandrana, 101 Antananarivo
Madagascar
Tél. : + 261 (20) 22 674 90
Courriel : ecotour@mate.mg
Internet : www.madagascar-environnement.com
Langue : français, malgache
Informations culturelles :
Sur les 18 ethnies que compte Madagascar, les Betsimisaraka, ou « les nombreux inséparables » forment la population dominante dans la réserve de Vohimana. Les Zana Malata, descendants métis des pirates installés dans la région à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle, profitent de leur double appartenance pour s’implanter localement tout en commerçant avec les Européens. Né vers 1700, fils du pirate Thomas White (ou de Tom Tew, on ne sait pas trop) et de la princesse malgache Rahena, Ratsimilaho fonde le premier royaume Betsimisaraka qui s’étend alors de Tamatave à la baie d’Antongil. En fait, après une éducation à Londres, il revient au pays qu’il trouve sous la coupe de plusieurs clans du sud de Tamatave dirigés par un certain Ramanano. Levant des troupes sur la côte nord, Ratsimilaho se proclame chef des Antavaratra (« ceux du nord ») et attaque Fénérive avec succès. Les vaincus, couverts de boue et de honte, sont désormais appelés les Betanimena, soit « beaucoup de terre rouge » ! Quant aux vainqueurs, nouvellement fédérés, ils se jurent fidélité en se faisant appeler « les nombreux inséparables » ou Betsimisaraka.
A regarder :
CD Vidéoprésentation « Programme Forêt de Vohimana » Vers une gestion durable des ressources naturelles pour le développement et la conservation.
Un séjour recommandé :
Titre : « Séjour au cœur de la forêt de Vohimana »
Durée : 4 jours
Coût total : 180€ par personne incluant le transport depuis Tana pour toute la durée du séjour, les repas en pension complète, l’hébergement sur site, les droits d’entrée dans la réserve, l’accompagnement par un guide accompagnateur qualifié, parlant couramment le français et l’anglais
Activités : Découverte de la faune et de la flore de Vohimana : observation des lémuriens, caméléons.Visite de la pépinière et description des essences autochtones. Visite du village des chercheurs et de leurs activités sur la réserve. Collecte des plantes aux techniques de fabrication des huiles essentielles. Pêche traditionnelle de crevettes d’eau douce. Initiation aux techniques de la vannerie, à la collecte de miel et aux instruments de musique traditionnels. Baignade dans les piscines naturelles de Vohimana.
Hébergement : 3 bungalows traditionnels avec un lit double et un lit simple dans chacun. Dortoir de 8 lits + une chambre avec un lit double et 2 lits simples
Taille des groupes : 15 personnes
Saisons : Le printemps : septembre, octobre, novembre pour la flore et les pluies moins fréquentes. Les températures sont plus fraîches en hiver austral (de juin à septembre).
Conditions climatiques : Climat tropical humide. On dit qu’il existe deux saisons : « la saison des pluies » (de décembre à mars) et « la saison où il pleut » (d’avril à mai)
Recommandations particulières : Toujours partir avec un guide qui connaît les Fady (interdits) et les coutumes en vigueur de la région.