Texte et Photos : Alain Laurent

Assamo est un petit village frontalier au bord d’un oued presque blanc, avec des roches multicolores, des jardins oasis et une population nomade qui se fixe là ou dans la ville voisine d’Ali-Sabieh.
Mais le village d’Assamo possède deux autres atouts, deux hommes dont aucun voyage ne permettra de mesurer complètement l’importance : Daher Obsieh, jardinier, dit « Double mètre » ou « Rechpech » philosophe exubérant et idéaliste, globe-trotter dans sa tête et dans la vie ; et Nicolas Prévot, sanglier des Ardennes, obstiné et plein de talents, dont le moindre serait une science étendue de l’agronomie tropicale. Le résultat ? Une coopérative agricole (les confitures d’Assamo, une première pour Djibouti !), un gîte appelé « Ecostation », lieu d’accueil mais aussi de travail et de promotion de l’artisanat régional, et une formule originale de caravanes chamelières, les « Caravanes des Askas » adaptées à tous les publics et situations mais qui toutes, à l’amble des dromadaires bâtés et harnachés pour le portage, permettent de découvrir le mode de vie pastoral des Issas-Somalis. Mais ces deux compères ne sont pas seuls.
Dans le nord et à l’ouest, Daoud Ahmed Daoud à Ardo, Houmed et Kamil, Ali Houmed à Bankoualé, Houmed Loïta au lac Abhé, Abdallah Hassan à Sismo et Yab Saleh à Ras Bir sont, chacun à leur manière, des pionniers et, comme on dit, des personnes ressources dont le sourire, qui n’a rien de commercial, cache une volonté de fer, un sens de l’organisation et le désir de créer ce fameux – et si rare ! – développement « endogène ».
Mais au fond, qu’est-ce qui peut distinguer « Djibouti – une mosaïque » d’un quelconque produit touristique de niche ? ALTICOBA21 : l’Agenda 21 Local Tourisme Issu des Communautés de Base. Autrement dit, profiter de la proximité qui caractérise le tourisme « responsable » pour en faire un moteur, un levier, un prétexte et un outil de développement global, cohérent, à l’échelle d’une communauté humaine organisée. Dit comme cela, rien de très parlant. Mais, dans la réalité ce sont mille petits faits et gestes. A partir d’un problème de crue, réfléchir à Ardo sur les causes de la déforestation du Goda et en tirer toutes les conséquences : Daoud en parlera avec passion. Construire tant bien que mal ces fameux micro-barrages d’Assamo pour donner une solution durable au problème lancinant de manque d’eau : Daher en sera un exégète éloquent. Pratiquer le tourisme lent, au pas d’un âne impassible, pour découvrir un des plus prestigieux berceaux de la culture afare : Djilani expliquera comment la communauté d’Adaïlou revisite son passé en le mettant, très prudemment, à la porté d’amis visiteurs.
Bien d’autres choses encore forment l’arrière-plan de la démarche ALTICOBA21, à Djibouti.
Equitable, elle l’est dans sa volonté de répartir largement, sur le modèle d’Assamo et de l’association villageoise d’Ardo, les bénéfices du tourisme et de ses activités satellites comme l’artisanat ou l’agroalimentaire familial.
Solidaire ? Elle l’est aussi, par des actes concrets, vérifiables, entre membres d’une même communauté et entre les communautés engagées dans la démarche.
Durable, elle souhaite l’être en diversifiant les activités, les marchés et la clientèle – le tourisme est dangereux lorsqu’il devient l’activité principale – en protégeant la nature, les espèces et les habitats, et en s’efforçant de maîtriser ce qui est imposé : les calendriers et les procédures des bailleurs, les visiteurs mal intentionnés, les jaloux, les traditions trop pesantes qui briment les femmes ou les minorités. Bref, tout un programme. Moins classique, moins commercial. Mais essentiel. C’est à ce programme et à cette démarche que vous contribuerez.
Localisation
L’itinéraire complet part du Sud (Assamo) vers l’Ouest (lac Abhé) puis revient vers le golfe de Tadjoura (lac Assal, Ghoubet-al-Kharab), monte dans le Goda (Adaïlou, Bakoualé, Ardo) et poursuit vers le Mabla (Sismo) et Obock (Ras Bir).
Contact

Nicolas Prévot à Djibouti
Depuis l’étranger au (253) 82 53 18 ou
Depuis Djibouti au 82 53 18
Courriel : nicaddla@yahoo.fr ou
t2d2@wanadoo.fr
L’agence djiboutienne ATTA est partenaire :
Tél : (253) 35 48 48
BP 1181.
Place Lagarde, Djibouti, République de Djibouti
Gardez à l’esprit que l’entreprise est collective et que c’est plus une chaîne de solidarités qui vous prend en charge.
Informations culturelles
Les ‘Afars et les Issas forment la majorité de la population de la République de Djibouti, indépendante depuis 1977. Leurs ancêtres, décrits dès la plus haute antiquité égyptienne par les scribes de la reine Hatchepsout au début du XVe siècle avant Jésus-Christ, habitaient le pays de « Pount », appelé plus tard pays de « Koush ». De « Barbares », « Puntites », « Zendjis » en peuples « couchitiques » aujourd’hui, on estime que leur différentiation culturelle et linguistique actuelle se serait construite peu à peu au cours de longues migrations du sud de l’Ethiopie actuelle vers l’ouest, le nord et l’est.
Au nord et à l’ouest, les ‘Afars (le « ‘ » est un son de gorge), pasteurs itinérants, deviennent progressivement sédentaires, propriétaires familiaux, claniques ou tribaux de leurs terres, qu’ils partagent aussi avec les Sultans de Tadjoura, du Goba’ad, de l’Aoussa ou de Raheita en Ethiopie.
La région d’Adaïlou, est le berceau des Adals, là où la légende (ou l’histoire ?) dit que les tribus afares se sont créées et les lois traditionnelles élaborées.
A quelques kilomètres du village d’Adaïlou, le mont Diir est le lieu symbole d’une ancienne religion précédant et coexistant un temps avec l’islam, unique religion aujourd’hui. Probablement introduit en Dankalie au Xe siècle par des prédicateurs venus d’Arabie, l’islam a dû en effet s’imposer face à une religion beaucoup plus ancienne, vieille de 1 500 ans, bâtie autour de Diir (ou Waq), le dieu de la nuit. Par des incantations, des prières et des offrandes de bétail, les croyants sollicitaient Diir, faiseur de miracles, pour obtenir ce qu’ils étaient venus chercher. Cette vénération, très pratiquée par les peuples de la Corne de l’Afrique, s’est poursuivie jusque dans les années 70.
Au sud, les Issas, une des six confédérations tribales de la mosaïque somalie, sont des pasteurs transhumants qui divisent leur espace entre Guban, régions côtières à climat torride, et Galbeed, régions à climat plus clément et à pâturages moins pauvres situées au-delà d’un axe lac Abbé - Dire Dawa en Ethiopie. La pratique et l’exploitation de l’espace ont relié, dans une complémentarité vitale, ces deux unités écologiques.
Les Issas découpent leur pays selon le type de végétation, la luminosité et la couleur des roches : Galool-Joog (« joog » signifie « être là ») est la zone des acacias côtiers « galool » au nord-est et Binin-Joog est la zone du « binin », arbuste verdissant après les pluies, Cassaa-Joog désigne les reliefs rouges et ocres de la région entre Ali-Sabieh et le village d’Assamo et Qorax-Joog recouvre les zones les plus arides où le soleil est intense. Ces expressions désignent aussi les différents clans tribaux issas qui parcourent ces espaces. Ce sont enfin des zones culturelles d’intermariages.
Les Issas sont les promoteurs du Xeer, un contrat social coutumier très structuré qui instaure les droits et devoirs de la communauté et de l’individu tout en soudant et protègeant ceux qui y adhèrent. Le Xeer est à la fois un droit qui définit les délits et les sanctions, une constitution politique qui organise autour de l’Ugaas (le roi politico-spirituel des Issas) les relations inter-claniques et un ensemble de références morales et philosophiques.
Les Somali-Issas sont aujourd’hui largement sédentarisés.
Séjour recommandé
Titre : Djibouti- Une Mosaïque d’hommes, de femmes, de cultures et de nature
Durée : 7 jours, 6 nuits : Assamo (1 nuit), lac Abhé/As Boleh (1 nuit), lac Assal, Adaïlou (1 nuit), Bankoualé/Ardo (1 nuit), Sismo (1 nuit), Ras Bir (1 nuit) et Djibouti par boutre. 14 jours, 13 nuits : Assamo (2/3 nuits), lac Abhé/As Boleh (1 nuit), Adaïlou-caravane asine (2/3 nuits), Bankoualé Ardo (2/3 nuits), Sismo (1/2 nuits), Ras Bir (1 nuit), Djibouti par boutre.
Prix : 7 jours : 675 € par personne pour la durée du séjour sur une base 8 personnes ; 790 € pour les groupes inférieurs à 6 personnes. 14 jours : 1400 € par personne pour les groupes de 8 personnes, 1630 € pour les groupes inférieurs à 6 personnes. Vol en supplément (compter 800 € par personne). Paiement en totalité 15 jours avant le circuit. Il est conseillé de prendre une assurance rapatriement.
Activités : Excellent échantillonnage des richesses naturelles du pays : le massif du Goda, les palmiers géants et endémiques de Bankoualé, les trois gazelles emblématiques des zones arides de la Corne de l’Afrique, l’avifaune riche des vallées et des zones humides du lac Abhé. Randonnées pédestres naturalistes. Explications de la géologie de Djibouti, encyclopédie à ciel ouvert de la dérive des continents. Observation des rarissimes gazelles beiras. Cette activité dépend du moment et du contexte, favorable ou non, à l’observation de cette espèce sous haute protection.
Participation aux activités quotidiennes : au village d’Ardo par exemple, confection d’objets usuels ou artisanaux, préparation de repas, corvée d’eau ; à Assamo, travaux agricoles et jardinage, artisanat. Légendes, traditions, piste d’Henry de Monfreid à Sismo, gravures rupestres proto-historiques. Utilisation des plantes médicinales, ethnobotanique. Bivouac en pleine nature.
Saisons : D’octobre à avril, saison fraîche.
Hébergement : Cases traditionnelles (daboïtas ou dassos) cases éthiopiennes (toukouls) plus une chambre d’hôtel à Djibouti
Accès : Une fois sorti de l’aéroport, le relais se fait en 4x4 tout au long de l’itinéraire : ni les chauffeurs ni les pistes ni les amortisseurs n’auront la même tête !
Taille des groupes : 8 personnes maximum
Conditions requises : Tous publics, de préférence en bonne santé
Conditions climatiques : Chaleur forte en milieu de journée, fraîcheur (et petite bruine possible) le soir et la nuit en altitude
Précautions à prendre : Traitement anti-paludique