Texte : Fabien Paquier, Photos : Pascal Languillon

Il fait nuit sur la plage et les vagues déferlent sous la lumière de la Lune. La marée monte. Soudain, le guide assis près de moi me souffle : « Elles arrivent ! ». Je scrute en suivant son regard et, fasciné, je vois deux masses sombres s’extraire lentement de l’eau, à quelques mètres l’une de l’autre. Les grandes tortues vertes ont commencé leur périlleuse ascension vers la plage. Périlleuse, car les tortues sont la cible d’un intense braconnage.
Mais la communauté d’Itsamia a su protéger son patrimoine : les dizaines de tortues vertes qui viennent pondre chaque nuit sur ces quatre kilomètres de plage. La population s’est organisée, il y a quelques années, pour repousser le braconnage. À cette époque, on venait en bateau depuis l’île toute proche d’Anjouan pour ramasser les tortues sur la plage, provisions de viande fraîche. Aujourd’hui, les braconniers se font plus rares.
Bientôt, une des tortues a atteint le bout de la plage, creusé son trou et elle commence à pondre. C’est le moment où l’on peut l’approcher sans trop la déranger. Quelle étrange émotion que d’observer cet animal, massif mais si fragile hors de l’eau, pondre patiemment sa centaine d’œufs, ronds et blancs. Tant de sagesse dans ses yeux !
La communauté de Mohéli s’est unie pour créer le Parc Marin. Un réseau de bungalows villageois, simples mais coquets, permet au visiteur de découvrir les richesses du parc. Les activités y sont nombreuses : participation aux fêtes traditionnelles ; randonnées en forêt à Ouallah à la recherche des grandes roussettes noires de Livingstone (les plus grandes chauves-souris au monde, endémiques à Mohéli) ; promenades dans les champs pour y glaner des épices, cueillir des clous de girofle, du poivre… ; sorties en mer à Nioumachoua ; pique-nique sur les îlots du parc marin ; plongée en apnée sur les récifs coralliens… La Maison de l’écotourisme de Mohéli, récemment créée avec l’appui de fonds européens, constitue l’organisme ressource pour organiser son séjour sur l’île.
Mon guide me prévient que la tortue a fini sa ponte. Commence alors le long rituel pour reboucher le trou dans le sable et effacer les traces de son passage. Quelques minutes plus tard, la tortue est redescendue jusqu’à la mer et je vois sa carapace verdâtre disparaître dans les flots, sous les premiers rayons du soleil. L‘aube est là et la grande tortue verte de retour dans son élément.
Localisation
L’Ile de Mohéli est une des trois îles de l’Union des Comores, située entre Madagascar et l’Afrique. L’île est accessible par avion de Moroni, la capitale des Comores. Le vol entre Moroni et Fomboni (ville principale de Mohéli) dure une vingtaine de minutes. Plusieurs compagnies aériennes font quotidiennement le trajet. Une route fait le tour de l’Ile de Mohéli. Les transports terrestres sont aisés. Vous pouvez vous déplacer en taxi-brousse ou louer un minibus (via la Maison de l’écotourisme de Mohéli).

Contact
Maison de l’écotourisme de Mohéli
Bandar Es Salam
Mohéli, Comores
Tél. : consulter le Internet
Courriel : contact@moheli-tourisme.com
Internet : www.moheli-tourisme.com
Langue : français
Informations culturelles
La petite Ile de Mohéli mesure 20 km sur 10 et abrite environ 35 000 personnes. Les habitants de Mohéli sont essentiellement des pêcheurs et des cultivateurs d’épices : girofle, vanille, cannelle, noix de muscade… L’ylang-ylang, très parfumé, et le café sont aussi fréquemment cultivés.
La population de Mohéli vit depuis toujours en étroite relation avec la nature dont elle dépend. Elle s’est organisée autour de la protection de ses ressources naturelles, notamment les tortues marines et les roussettes de Livingstone. Un Parc Marin, première aire protégée des Comores, a été créée en 1999, en partenariat entre les autorités et les communautés villageoises.
Les mois de juillet à septembre correspondent à la période où les Comoriens célèbrent les « Grands Mariages » traditionnels. Ces cérémonies sont l’occasion pour les couples d’âge mûr de rappeler leur union. Les festivités s’organisent sur plusieurs jours. Elles peuvent coûter plusieurs années d’économies. Les cérémonies sont organisées sur plusieurs jours en différentes étapes très codifiées, repas, chants et danses, selon des significations traditionnelles complexes. Les visiteurs de Mohéli ne manqueront pas d’être invités pour participer aux repas, aux danses et chants traditionnels ainsi qu’au tam-tam des bœufs (poursuite de bœufs dans les ruelles de villages).
Les Comoriens sont musulmans. L’islam aux Comores est très ancien : il remonterait au XIIIe siècle.
Pour plus d’informations, consulter le site : www.comores-online.com
Mohéli une île des Comores à la recherche de son identité de Chanudet Claude & Jean-André Rakotoarisoa, éditions L’Harmattan, Paris, 2000.
Un séjour recommandé
Titre : « A la découverte de l’île nature »
Durée : 6 jours / 5 nuits
Départ : toute l’année
Prix : 10 € par nuit, 10 € de repas par jour, excursions, les transports, visites guidées ou en bateau sont en sus. Compter environ 300€ les 6 jours pour une personne ; environ 450€ les 6 jours pour un couple, transports et visites comprises.
Activités : visite de plantations d’épices, randonnées, sorties en mer avec visite des îlots et observation des baleines à bosse ; plongée, repas de produits de la mer (poisson, langoustes)… Les visiteurs sont accueillis par les associations villageoises.
Hébergement : bungalows villageois gérés par les associations villageoises de 6 communautés, tout autour de l’île. Confort rustique, très sommaire, mais propre et assez charmant. Il y a entre 2 et 8 bungalows par site en fonction du village
Taille des groupes : 10 personnes
Conditions climatiques : chaud et sec de mai à octobre ; chaud et humide (pluies fréquentes) de novembre à avril