“EN VUE”
Sylvie Blangy, voyager autochtone et équitable
– Fort d’avoir exploré la planète depuis vingt- cinq ans, l’oeil bleu porcelaine de Sylvie Blangy est avisé. Cette pionnière du tourisme autochtone qui figure parmi les rares consultantes internationales en la matière a récemment présenté le premier Guide des destinations indigènes (1) au Salon de la randonnée à Paris et va le proposer à la Comédie du livre à Montpellier ( 1). Un ouvrage qui regroupe 400 destinations où découvrir les savoirs et les arts de cultures non industrielles, appartenant aux premières nations : les Aborigènes d’Australie, les Indiens d’Amérique, Tibétains, Inuits, Maoris, Sami...
– Depuis toujours Sylvie a pu apprécier la diversité culturelle de notre planète. Son constat est que nous sommes en train de perdre cette richesse. Nous la perdons chaque jour davantage, en même temps que des oiseaux, des reptiles, des batraciens et des mammifères. Cette diversité culturelle n’est pas préservée alors qu’elle appartient à notre patrimoine au même titre que la nature. Il est grand temps de la conserver si nous voulons la transmettre aux générations futures. Pour Sylvie la transmission passe par une gestion durable du tourisme et un développement du tourisme autochtone avec une juste rétribution des hôtes, une équité et un respect dans les échanges, en d’autres termes par le tourisme équitable.
– Dans les années 1990 on ne recensait que trois initiatives de tourisme de ce genre. Une chez les Cofan en Equateur, une autre chez les Bri bri au Costa Rica et une dernière chez les Mayas au Belize. Aujourd’hui les voyagistes militants de l’écologie, comme ces peuples qui vivent dans des hauts lieux ( hot spots) de la biodiversité ont réalisé que le tourisme peut aider à préserver des espaces naturels, à améliorer la condition de vie des populations résidentes et à valoriser leurs cultures et leurs savoir- faire traditionnels.
– En Europe et surtout en France le développement du tourisme rural a été encouragé dans les années 1985. Il a contribué à la préservation et à la valorisation du patrimoine naturel et des paysages ruraux façonnés par l’homme. Valorisation à laquelle Sylvie a participé avec le ministère de l’Agriculture de l’époque. C’est sa qualité d’experte en tourisme écologique (écotourisme) qui a fait de cette passionnée, la lauréate idéale de la bourse de recherche européenne Marie Curie. Pour cela elle n’hésite pas, à la cinquantaine, à partir pendant deux ans au Canada, nation pilote avec un gouvernement autochtone inuit qui gère son propre territoire. Elle va se transformer en chercheur, faire une thèse et se tourner vers l’enseignement pour transmettre son expérience sur le terrain.
(1) www.indigene-editions.fr (2) Du 19 au 21 mai 2006.
ISABELLE BRISSON
LE FIGARO, 08 MAI 2006