Texte : Anne Vigna, EchoWay photos RECT

Le projet communautaire de Lopez Mateos est l’un des plus aboutis qu’offre le Mexique. C’est le premier programme touristique de la RECT (Red Ecoturismo Campesino de Los Tuxtlas), une structure qui rassemble aujourd’hui neuf communautés, toutes situées dans la réserve de la biosphère de Los Tuxtlas qui entoure le lac de Catemaco sur une superficie de 330 000 hectares avec une zone de forêt tropicale et trois importants volcans.
Lopez Mateos est une communauté de 180 habitants, difficile d’accès. Quarante-quatre personnes sont impliquées dans le projet - dont une vingtaine de femmes - réparties dans cinq commissions : administration, hospitalité, cuisine, vigilance et guides. La commission vigilance, étant donné la fragilité de l’environnement, s’occupe autant de la sécurité des touristes que de leurs gestes. Si vous tentez de cueillir une fleur, on vous fera gentiment remarquer qu’il s’agit d’une réserve intégrale… Mais pas d’inquiétude, le sérieux de vos hôtes n’empêche pas leur bonne humeur !
« Nous sommes arrivés ici dans les années soixante-dix, explique Angel, président du projet touristique, et nous avons commencé à déforester pour cultiver et installer la communauté. Au bout de quelques années, l’érosion des sols était si forte que nous avons dû arrêter et réfléchir à un autre avenir, la misère n’amenant que plus de chasse et de pêche. Détruire, puis s’en aller ; ou protéger, et vivre avec cet environnement ? ».
Les membres de la communauté répondent en déclarant à l’unanimité « réserve intégrale » cent hectares sur les 358 que comptent l’ejido : l’ejido est une forme de propriété apparue après la révolution quand de grandes étendues de terre furent redistribuées à des groupes de paysans. Par extension, le mot désigne les terres mêmes. Chaque membre du groupe ou ejidatario a un droit d’usage, mais pas de propriété, sur ces terres. Des réformes ont permis aux indigènes d’en devenir propriétaires, mais beaucoup ont choisi de ne pas accéder à la propriété. Des permis de pêche et de chasse sont instaurés avec des comités de restriction qui veillent sur les périodes de reproduction. En commun, les femmes décident de ne plus laver dans la rivière qui passe devant les cabanes ni près des nombreuses cascades et plans d’eau de la forêt.
Créé il y a huit ans avec l’aide et la supervision des scientifiques de l’UNAM (Universidad Nacional Autonoma de Mexico), le projet ne reçoit pas encore de touristes au vrai sens du terme (mexicains et étrangers) mais essentiellement de petits groupes envoyés par des organisations civiles. Chaque animateur a reçu plusieurs formations, dispensées par les mêmes universitaires, en nutrition, hygiène, biologie et connaissance des plantes médicinales. À la cascade ou dans la rivière, vos guides vous feront lever les yeux ou proposeront de vous ramener près de la fourmilière, que vous aviez négligé d’observer, en chemin, ou vous poseront un grain de café sur les lèvres pour le goûter. Vous logerez dans des cabañas de deux ou quatre personnes, avec toilettes écologiques et panneaux solaires. Si vous allez jusqu’à eux, vous ne pourrez qu’apprécier leur hospitalité.
Localisation
Une piste de huit kilomètres en très mauvais état monte jusqu’au site où vit cette communauté : une heure en camionnette, à partir de Coyame. Demandez aux locaux où se trouve « la oficina de la Reserva de Los Tuxtlas ». Ils les avertiront par radio et vos hôtes viendront vous chercher entre trois et cinq heures après cet appel… après avoir fait leurs courses. Le trajet coûte 250 pesos qu’on soit seul ou cinq. En voiture, depuis Catemaco, il faut aller jusqu’à Coyame, sur la route menant à Nanciyaga. La piste commence là, au milieu du village, sur la gauche, et monte franchement.
Contact
Reserva de la Biosfera de Los Tuxtlas
Avenida del Malecon
Catemaco, Veracruz.
Katya Andrade
Tél. : 294 94 31101
L’association EchoWay présente sur son site Internet cinq autres communautés de la RECT et un ranch privé très impliqué avec la réserve. Voir www.echoway.org
Séjour recommandé
Les guides emmènent les touristes pour quelques heures ou plusieurs jours. Vous ne pouvez pas partir seul : la forêt est dangereuse pour le novice et eux ont appris à marcher plus lentement, depuis l’arrivée du premier groupe… Ils disposent d’un campement de nuit en pleine forêt. Le meilleur choix car l’environnement est exceptionnel (mer et lagune d’un côté, forêt de l’autre) et l’eau cristalline. La cascade (30 mètres de haut) n’est qu’à une demi-heure du village.
Prix : 350 pesos/jour/personne : sont inclus trois repas, un guide pour la journée, une nuit ; en tout la mobilisation de quatre personnes (cuisine, vigilance, guide et hôte)
280 pesos/jour/personne : trois repas et une nuit
70 pesos/personne/jour : une chambre