Texte : Jean-Luc Mathion, et Jérôme Kotry, Photos : Philippe Gigliotti
Nous sortons d’une jungle épaisse, et de ses sentiers boueux parcourus par des branches ou troncs à l’équilibre instable, nous franchissons une petite rivière à l’eau bien claire, nous passons en hésitant un dernier fossé en équilibre sur un petit pont, quelques arbres encore, et puis une petite clairière, des cochons, quelques poules, et au milieu, une grande construction de bois, longue forme allongée montée sur pilotis. Il s’agit d’une uma, la maison communautaire des mentawai, du moins de ceux qui ont décidé de préserver leur mode de vie traditionnel, ici sur cette toute petite île, menacée par la déforestation. Quelques centaines, ou un millier peut être, qui perpétuent un mode de vie en harmonie avec la nature, où la beauté est reine, un mode de vie souvent rude mais qui assure indépendance et harmonie. Celui de leurs ancêtres. Sur la véranda de l’uma, le chef de la maison nous attend, vêtu d’un pagne rouge et de tatouages, une fleur dans les cheveux, il est d’une dignité qui intimide. Pourtant c’est chez lui que nous allons nous installer pour quelques jours, le temps d’une immersion dans la vie mentawai.
Cela fait 3 jours que nous partageons la vie de l’uma. Teo Repa, notre hôte, est sikkerei, c’est à dire chamane, connaissant parfaitement les plantes et autres secrets de la nature pour guérir les corps et les esprits, mais il est aussi rimata, le chef de son clan. Aussi, a-t-il beaucoup de visites. Les membres d’uma voisines venant se faire conseiller, exposant leurs malheurs ou leurs conflits. Comme toujours chez les mentawai, tout se passe dans l’harmonie, la discussion est ouverte. On discute des problèmes les plus importants ou les plus intimes devant tout le monde, y compris invités, tels que nous, ou enfants. La conversation dure jusqu’à ce qu’une solution satisfaisante pour tous soit trouvée. Mais ce soir, veille de notre départ, c’est une tâche de sikkerei qui attend Teo Repa : il sacrifie en notre honneur une poule et un cochon. Et surprise, il leur parle longuement avant de le faire, presque en douceur. Encore une fois, il faut préserver l’harmonie, et l’animal ne doit pas partir fâché... Seuls les chamanes connaissent les formules adéquates pour cela... Puis chaque personne présente offre une mèche de cheveux, qui seront tous mélangés, toujours sous le flot de paroles magiques, afin que tous ici ne fasse plus qu’un..., en harmonie.
Localisation
En bordure de l’Océan Indien et à 150 kilomètres des côtes de Sumatra, l’île de Siberut est la plus grande de l’Archipel des Mentawai, composé d’une quarantaine d’îles, dont quatre seulement sont habitées.
On y accède en ferry ou en pirogue à moteur chartérisée depuis la ville de Padang, capitale de Sumatra Ouest.
Contact
Hendrikus Napitupulu
Muara Siberut - Indonésie
Relais opérationnel en Indonésie : Mr Jean-Luc Mathion, Français qui réside à Bali et accompagne les voyages Tamera sur Siberut.
Tél.(mobile) : 00 62 812 464 99 22
Courriel : tttjlm@yahoo.fr ou
Courriel ; kitetal@pop.denpasar.indo.net.id
Pour la réservation des séjours organisés, contacter le tour opérateur Tamera en France
26, rue du Bœuf – 69005 Lyon
Tél. : 33 4 78 37 88 88
Fax : 33 4 78 92 99 70
Courriel : jerome@tamera.fr ou
tamera@tamera.fr
Internet : www.tamera.fr
Informations culturelles
Les mentawai sont actuellement parmi les tout derniers représentants d’une tradition dite « néolithique » vieille de 3000 ans. Contrairement à la plupart des ethnies indonésiennes, ils ne connaissent ni la culture du riz, ni le travail du fer, ni le tissage, ni la poterie, ce qui est le résultat de réels choix et non un ancrage dans un mode de fonctionnement « primitif ». Ils pratiquent la chasse à l’arc, la pêche, quelques cultures et la cueillette. Le pivot de leur vie sociale, politique et religieuse n’est pas le village, mais l’ uma, c’est à dire la maison communautaire d’un clan, composé de 5 à 10 familles dont certaines seulement vivent dans l’uma. De grandes cérémonies collectives, les puliajat, auxquelles chacun participe, contribuent tout au long de l’année à consolider le sens égalitaire et unitaire de la communauté, mais aussi à renforcer les liens entre l’âme et son possesseur, afin d’assurer le bien-être de chaque individu.
Les décorations des maisons communautaires et les parures des hommes et des femmes sont donc des appâts pour « piéger les âmes » en leur montrant comment la vie est belle et qu’il n’est pas nécessaire de vagabonder loin du corps. Parmi toutes les parures corporelles, il y a d’étonnants tatouages, et bien sûr les fleurs, notamment les hibiscus, que les mentawai se mettent dans les cheveux, d’où leur surnom d’ « hommes-fleurs ».
Les clans que nous rencontrons sont en quelque sorte les « survivants » animés depuis des générations d’un esprit de résistance qui les a protégés de la plupart des vicissitudes ayant entraîné leurs frères de la forêt a perdre leur identité malgré eux, peu à peu, puis ces dernières années de façon accélérée. Ce n’est pas l’isolement qui les a mis à l’abri des influences du monde moderne et des manipulations des missionnaires, de l’armée indonésienne, puis des guides touristiques de Sumatra : ils sont parfaitement au fait des réalités de l’extérieur, particulièrement la nouvelle génération qui n’a pas manqué d’aller à l’école, mais aussi de pousser jusqu’à Muara Siberut et même à Padang, et qui n’en a ramené que des convictions supplémentaires dans son choix de rester vivre un peu à l’écart à leur façon ancestrale.
Un séjour recommandé
Titre : « Rencontre avec les « hommes-fleurs » de Siberut
Durée : 15 jours France / France
Dates de départ : Départs regroupés les 22 Avril et 16 Septembre 2006, mais départs à la carte possibles à d’autres périodes
Saisons : Toute l’année (climat équatorial)
Prix : 2 890 Euros
Inclus : Tous les vols internationaux et intérieurs, les transferts et les transports terrestres en minibus, bateaux et pirogues, le logement en chambre double en Hôtel (à Padang) ou losmen (Bungus) et chez l’habitant sur Siberut, tous les repas (sauf à Padang), les services d’un accompagnateur Français vivant en Indonésie et spécialiste des « hommes-fleurs », d’un chef d’expédition local et de porteurs locaux, les entrées des sites et permis de trekking, ainsi qu’une contribution au développement d’une école répondant aux besoins réels des mentawai, projet dans lequel ils sont partie prenante et agissante, avec pour enseignants des mentawai de la proximité immédiate, et avec un enseignement destiné à les initier aux connaissances extérieures et modernes tout en stimulant et perpétuant les savoirs ancestraux qui sont en danger de disparition.
Exclus : Les taxes aériennes, les frais de visa (25 dollars à l’arrivée à Padang), les repas à Padang, les cadeaux aux mentawai qui nous accueillent, le supplément d’hébergement chambre individuelle à Padang et Bungus, les boissons autres que thé, café et eau, les dépenses personnelles, les assurances couvrant annulation et interruption du voyage, rapatriement, assistance, maladie, accident, perte ou vol de bagages, frais de secours et sauvetage
Activités : randonnée à pied avec sac à dos léger pour les effets personnels, activités avec les mentawai ; Navigation et randonnée dans la jungle à la rencontre des « hommes-fleurs ». Parcours adaptables selon les souhaits du groupe ; Possibilité d’immersion dans une uma au sein d’une communauté pour 3 à 7 jours.
Hébergement : Chez les clans mentawai l’hébergement se fait dans la partie réservée aux invités de passage au sein de l’uma traditionnelle. Sinon, chez l’habitant à Muara Siberut, en hôtel à Padang et en losmen (auberge indonésienne) au bord de l’océan à Bungus.
Taille des groupes : 6 personnes au maximum.
Le surnombre de visiteurs en même temps, d’appareils photos et de cameras, n’est ni souhaité ni souhaitable. Ils n’acceptent de recevoir que ceux qui sont accompagnés par quelqu’un en qui ils ont toute confiance. Cette confiance ne se gagne pas en un jour et cette personne doit être apte à favoriser l’échange défini ci-dessus, capable de faire passer de part et d’autres les informations, les explications de nature à enrichir chaque partie. Avec eux il convient donc de pratiquer un véritable échange notamment avec les enfants.
Conditions requises : s’adresse à toute personne en bonne condition physique, qui aime la découverte, l’exploration et les rencontres, avec une dose de bonne humeur et un bon engagement moral. La difficulté vient surtout des conditions climatiques, des conditions de déplacements dans la jungle humide et boueuse, et conditions de vie sommaires chez nos hôtes mentawai.
Conditions climatiques : Chaud et humide. Il peut pleuvoir toute l’année.
Autres options : Un superbe voyage d’exception de 22 jours, la Grande Traversée de Siberut, partira les 16 Avril 2006 et 3 Mars 2007, dans le cadre de la Trans-indonésienne de Tamera. Rencontre de 5 clans mentawai, dont les légendaires sakuddei, au cours d’une traversée Est-ouest de l’île à pied et en pirogue, accompagnée par des représentants des clans traversés. 3 900 € (5 pers.)