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Inde

Communauté Lepcha

Réserve du Dzongu, Etat du Sikkim

par Norbert Trehoux , Renzino LEPCHA, Sherap LEPCHA - publié le , mis à jour le

Texte et photos : Norbert Trehoux

Après six heures de marche à travers les champs de cardamome et les derniers villages du nord Dzongu, en remontant le cours des rivières Teesta et Rangit, nous parvenons au monastère de Tholung. Dans ce lieu chargé d’histoire et de légendes, les reliques de Guru Rinpotché, le moine tibétain ayant introduit le bouddhisme en Inde, sont présentées aux fidèles, réunis en masse pour cette célébration. Pendant trois jours, une procession ininterrompue de pèlerins lepchas, bhotias et tibétains se recueille, prie dans le bourdonnement de mantras intemporels. Les moulins à prières ne cessent de tourner et les cloches de tinter, tandis qu’à l’intérieur du monastère, par la porte grand ouverte, nous observons les moines psalmodiant au son des trompes et des cymbales, éclairés par des dizaines de bougies.
Un instant de grâce…

Retour à Tingvong chez nos hôtes, Bonhum et Pema, tous deux professeurs à l’école du village. En dégustant le maïs broyé, le riz soufflé et le tchi, boisson traditionnelle locale à base de millet fermenté, nous décidons de partir le lendemain à la rencontre de l’oncle de Pema, le "sorcier" qui communique avec les esprits de la nature. Depuis plusieurs mois, la montagne est fâchée : le gouvernement indien a entamé la construction d’un barrage au sud du Dzongu, un second est en projet. A terme, ce serait un quart de la superficie totale du Dzongu qui serait engloutie et avec elle des dizaines d’espèces animales et végétales endémiques. L’oncle de Pema est convaincu qu’en accueillant des étrangers, en leur offrant la douceur du lieu et la beauté de l’âme lepcha, l’esprit de la montagne les protègera à nouveau.

En début d’après-midi, l’oncle nous présente sa fille aînée, Indumit, employée par la coopérative. Les tapis qu’elle tisse, à la laine épaisse et aux motifs issus de l’imagerie bouddhique (fleurs de lotus, dragons, tigres et mandalas) seront vendus au centre artisanal de Gangtok.

Après une vivifiante douche au seau, c’est avec une faim de loup que nous honorons la cuisine lepcha, préparée par la mère et la sœur de Bonhum : poulet au riz et aux piments, pommes de terre aux tomates et oignons frits, le tout arrosé de thé, compagnon quotidien de toute la population. Déjà Tshering, notre guide, nous propose des activités pour le lendemain : randonnée jusqu’au point de vue de Kosong, d’où l’on embrasse littéralement le Kangchenjunga, l’un des trois plus hauts sommets au monde ; visite de l’école de Tingvong et rencontre avec les professeurs et les élèves ; ou encore participation à la préparation du mariage d’un cousin proche.

Habillée de milliers d’étoiles et accompagnée par les flots tumultueux de la Teesta, ici aussi la nuit porte conseil.

Localisation
La Réserve du Dzongu est située dans le nord de l’État du Sikkim, au pied du Kangchenjunga (8585m). En raison de sa situation géostratégique (frontalière du Népal et de la Chine), l’ouverture de cette zone de forêt primaire aux espèces endémiques est récente et réglementée.

Depuis Delhi, envolez-vous pour Bagdogra, dans le Nord Bengale (3 heures de vol, 160 €), puis rejoignez Gangtok, la capitale du Sikkim, en jeep (153 kms, 4 heures, 2 €). Autre possibilité, Bagdogra – Gangtok en hélicoptère (Vue imprenable sur la chaîne Himalayenne, 20 mn, 50 €). A Gangtok, un représentant du DETC vous prend en charge et vous emmène dans la réserve en jeep-taxi (70 kms, 4 heures, 2 €).

Contact


M. Sherap LEPCHA, Secrétaire Général du DETC
Development Area, Gangtok – 737101, Sikkim, India
Tél. : 00 91-3592-226162
Portable : 00 91-98320-46882
Courriel : sherap@rediffmail.com

Mr. Renzino LEPCHA, Secrétaire d’ECOSS, l’ONG partenaire.
Ecotourism and Conservation Society of Sikkim (ECOSS)
Below Fellowship Church, Gangtok 737101, Sikkim, India.
Tél. : 00 91-3592-229183
Portable : 00 91-94341-44144
Courriel : ecoss@sikkiminfo.net
Internet : www.sikkiminfo.net/ecoss
Internet : www.himalayan-homestays.com
Langue : anglais

L’accès à la Réserve du Dzongu étant strictement réglementée, vous devez réserver votre séjour par courriel auprès du Comité Ecotouristique du Dzongu (DETC). Ce comité organise les séjours dans la réserve, gère les aspects logistiques (obtention de permis, taxis depuis/vers Gangtok), et est en charge de la redistribution des revenus du tourisme à la communauté. Les réservations doivent être passées au moins six semaines à l’avance, auprès de Sherap Lepcha, ou Renzino Lepcha.

Informations culturelles
Peuple originel du Sikkim, les Lepchas ne représentent plus aujourd’hui que 10% de sa population (60% de Népalais, 20% de Bhotias et 10% d’Indiens). On dit qu’ils sont arrivés de la région d’Assam au 12ème siècle, mais ils se considèrent les enfants du Kangchenjunga et ont leur propre langage, très ancien et de la famille Tibéto-birmane.

90% des Lepchas sont des agriculteurs, cultivant essentiellement la cardamome. Revendue très peu cher aux commerçants de la ville, cette épice ne leur permet plus néanmoins de vivre correctement.

La vie quotidienne des villageois, calmes et pacifiques, est étroitement liée à celle des monastères. Le bouddhisme relève de l’école des Nyingmapa. Cette école réunit les plus anciennes traditions tibétaines qui datent du 8eme siècle et ses enseignements sont souvent mêlés d’éléments Bön, la première religion du Tibet, qui fait appel à la magie. Les Nyingmapa ont une discipline religieuse beaucoup moins stricte que celle des autres écoles : les moines ont le droit de se marier afin d’avoir une descendance qui leur permettra de perpétuer la tradition et la transmission des enseignements. Ils ont aussi le droit d’avoir des occupations laïques et de vivre hors des monastères.

L’un des principaux festivals Lepcha, Namsoong, célèbre la nouvelle année et la fin des moissons durant le dixième mois du calendrier tibétain (décembre). La "fête des Dieux des rivières" a lieu entre décembre et janvier, à la confluence des rivières Teesta et Rangit : les Lepcha de tout le Dzongu s’y retrouvent pour célébrer l’immense amour des deux rivières.

La littérature, l’art et la culture Lepcha étaient très riches mais tout fut détruit à l’arrivée des Tibétains dont l’influence fut profonde.
Chewang a passé plusieurs années dans le monastère de Lingdhem avant de devenir garde forestier. Dupden, son frère, gère localement la construction des routes, et Dawa a choisi de maîtriser la vidéo pour témoigner et transmettre sa culture à ses enfants. Comme eux, quelques jeunes décidés à se battre pour faire connaître leur patrimoine, et ainsi le sauvegarder, ont choisi d’ouvrir le Dzongu à un tourisme maîtrisé. Le Geres, une ONG française de développement, leur apporte depuis 2002, conjointement avec Ecoss, son soutien et ses ressources logistiques afin que se développe un tourisme communautaire, répondant aux aspirations de la population et compatible avec la fragilité de l’environnement.

Séjour recommandé
Titre : Découvrez l’histoire, le mode de vie et la culture des Lepchas.
Prix : 45 €/jour, départ de et retour à Gangtok. Le prix de votre séjour est versé au Comité touristique du Dzongu, qui le redistribue aux personnes concernées (guide, chambre d’hôte, taxi…). Une partie du montant total est utilisée au financement de projets communautaires.
Durée : De 2 à 7 jours selon les désirs, en logement chez l’habitant.
Activités : Visitez des monastères et rencontrez les moines et les sages ; Participez aux activités quotidiennes de récolte, de cuisine, etc. ; Ecoutez les légendes et chansons traditionnelles ; Appréciez la riche biodiversité de paysages mêlant forêt tropicale et sommets enneigés ; Apprenez à reconnaître et utiliser certaines plantes médicinales ;
Promenez-vous la journée dans les villages et les champs alentours, ou bien randonnez plusieurs jours sur les chemins escarpés ; Un guide local vous accompagne durant tout votre séjour.
Hébergement : Une dizaine de familles vous reçoivent chez elles en toute simplicité, dans des maisons construites en pierre et bois. Vous disposez d’une chambre indépendante, à un ou deux lits, et savourez les repas traditionnels Lepcha.
Saisons : La meilleure période pour visiter le Dzongu s’étale de mi-septembre à mi-décembre et de mars à juin.
Taille des groupes : 8 personnes au maximum
Conditions requises : connaissance de l’anglais et bonne condition physique.
Conditions climatiques : La meilleure période pour visiter le Dzongu s’étale de mi-septembre à mi-décembre et de mars à juin.Climat tempéré, chaud en journée et frais à froid la nuit. Prévoir des vêtements légers à chauds (lainages pour les soirées), chaussures de marche, sandales, crème solaire, chapeau, lunettes de soleil, lampe torche.

Organisme de soutien
Ce projet de développement du tourisme communautaire dans la réserve du Dzongu a été initié en 2002 par l’ONG Geres (Groupe Energies Renouvelables et Environnement Solidaire), financée par l’Union Européenne. Les objectifs du Geres ont été de structurer le projet autour d’entités clairement définies, définir le contour d’un schéma touristique cohérent avec le potentiel et les attentes locales et enfin mettre en œuvre des actions concrètes sur le terrain. http://geres.free.fr

En janvier 2005, la démarche Alticoba 21- démarche visant à promouvoir le développement global d’une destination à travers le tourisme - a été initiée et servira de cadre à l’ensemble des actions futures.

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