Texte : Amanda Stronza

La rivière Tambopata est un véritable apport de biodiversité qui descend les pentes des Andes depuis la ville de Puno dans l’altiplano, au Pérou, près du Lac Titicaca, à travers les collines basses et les terrasses de la plaine Amazonienne, pour alimenter la rivière Madre de Dios et finalement grossir la rivière Amazonne. La Tambopata traverse ainsi quelques uns des villages les plus riches en espèces d’oiseaux, de papillons et de libellules qui soient recensées dans le monde. Elle traverse également un élégant complexe de bâtiments aux toits de chaume connus sous le nom de Posada Amazonas, une écolodge de taille importante, de par son aspect et son concept, cachée cependant par les arbres. Construite avec des matériaux traditionnels, incluant le bois, les feuilles de palmier, le bambou sauvage (wild cane) et l’argile, et modelée selon l’architecture Amazonienne, Posadas Amazonas offre par ailleurs une technologie moderne à l’impact limité. La lodge est à la fois inspirante et rustique.
Véritable écolodge bâtie en 1996, Posadas Amazonas contient 48 chambres, une réception et une grande salle, ouvrant des deux côtés sur la forêt, ainsi qu’une salle de repas au plafond en cathédrale fait de paille tressée. Bien qu’elle soit située dans une des forêts les plus éloignées et les moins entravées du monde, le confort et les services ne manquent pas à Posada Amazonas, car les formules proposent des itinéraires à la carte, des riches festins de cuisine Péruvienne, et des guides naturalistes, dotés d’un grand savoir écologique, d’une solide connaissance des lieux et d’un réel charisme. Au dire de tous, Posada est un écrin de luxe dans un des endroits des plus étonnants au monde du fait de cette extraordinaire biodiversité.
Durant les trois premières années, Posada Amazonas était toujours complète, attirant trois à quatre mille touristes par an. Beaucoup étaient attirés par les singes duski-titi, les aras écarlates, et les prédateurs les plus espiègles de cette forêt tropicale humide, les loutres géantes des rivières. Un séjour en lodge peut inclure l’escalade en haut d’une tour de trente-cinq mètres afin d’observer la voûte d’en haut avec des yeux d’oiseau, une randonnée à travers un labyrinthe de chemins forestiers denses et parfumés, ou la visite d’un « colpa » fréquenté par des douzaines de perroquets à tête bleue et autres oiseaux.

Mais Posada Amazonas ne retient pas seulement l’attention parce qu’elle est enfouie au milieu d’un trésor biologique, ou grâce à son succès qui attire des bateaux entiers d’observateurs d’oiseaux.
Elle ne doit pas non plus nécessairement son prestige à sa location dans le village d’Infierno, en plein territoire Amazonien. Ce qui la rend unique, c’est plutôt parce qu’il s’agit d’une copropriété dirigée par les quatre-vingt ou quelques Indiens Ese’eja, riberenho, et familles Andines qui constituent le village. L’acquisition de Posada Amazonas par une communauté locale s’est faite au moyen d’un partenariat innovant. En mai 1996, les membres d’Infierno et la société privée Rainforest Expeditions, signèrent légalement un contrat obligatoire afin de commencer à construire et co-diriger Posada Amazonas. Baptisant leur coentreprise la « Ke‘eway Association in Participation », les partenaires se mirent d’accord pour partager les profits à raison de 60% pour la communauté et 40% pour la société, et diviser la gestion en deux parts égales. L’objectif de cet accord était l’implication active des membres de la communauté dans l’entreprise, non seulement en tant que personnel mais à titre de propriétaires, planificateurs et administrateurs ; en outre, ils étaient invités à rejoindre Rainforest Expeditions dans la prise de décisions au sujet du futur de l’entreprise et dans l’offre de services aux touristes. Par ailleurs, les partenaires décidèrent qu’au bout de vingt ans, l’ensemble des opérations– la lodge et tout le reste, radio à ondes courtes, meubles, matériel de cuisine, générateurs de courant, etc…- devait automatiquement revenir à Infierno, et que la communauté aurait alors le choix de continuer à collaborer avec Rainforest Expeditions ou de reprendre le tout à titre de propriétaires et de directeurs. En attendant, l’entreprise surveille les opérations de routine, le recrutement et la formation des membres de la communauté leur permettant d’assumer de plus en plus de responsabilités.

Contact
Kurt Holle, Rainforest Expeditions SAC
Av. Aramburú 166 Of. 4B, Miraflores
Lima 18, PERU
Tél. : 00-51-1-4218347
Fax : 00-51-1-4218183
Courriel : kholle@rainforest.com.pe
Internet : www.perunature.com
Informations culturelles
Bien que Tambopata abrite de nombreuses populations migrantes et ribereno venant de toutes les autres régions du Pérou et de l’Amazonie, c’est la terre natale ancestrale de seulement quelques groupes indigènes qui y vivent encore. Parmi eux se trouvent les Ese Eja, qui vivent à Infierno, et se sont récemment impliqués activement dans le commerce éco-touristique de Tambopata.
Ese Eja, qui signifie « gens authentiques », est le terme par lequel s’est lui-même désigné ce groupe indigène de la famille linguistique Tacana. Les Ese Eja se divisent en trois sous-groupes, basés sur des différences linguistiques mineures et sur leur origine géographique. Les Ese Eja qui vivent actuellement dans le village d’Infierno sont des Bawaja Ese Eja historiquement identifiés par la rivière Tambopata et ses affluents. Les deux autres groupes sont associés aux rivières Heath (ainsi qu’à Madre de Dios) et Madidi en Bolivie. Certaines traditions orales Ese Eja identifient les eaux hautes de la rivière Tambopata (ou « Bawaja ») comme le lieu où les ancêtres mythologiques descendirent du ciel le long d’une corde en coton. Un examen des données ethnohistoriques indique que les Ese Eja ont vécu au bord de la rivière Tambopata depuis le 16ème siècle.
Avant tout contact avec les étrangers datant à peu près du 16ème siècle, les Ese Eja menaient un style de vie nomade de chasseurs-cueilleurs. Le commerce du caoutchouc fut le début d’une période d’échange culturel entre les Ese Eja et les peuples d’autres régions de l’Amazone, ainsi qu’avec des migrants de Bolivie, du Brésil, et d’aussi loin que le Japon. Le caoutchouc était aussi le premier pas d’une intégration commerciale et d’un contact avec les étrangers. Au vingtième siècle, après les changements survenus à cause du boom du caoutchouc, les Ese Eja comencèrent à adopter un style de vie sédentaire. Les Ese Eja furent incorporés à l’état nation, à la fois en termes de croyances spirituelles et de langue, mais aussi en termes d’organisation socio-politique, en grande partie à travers les missions. Avec la sédentarisation vint le danger croissant des épidémies. Juste avant le boom du caoutchouc, la population de Bawaja était estimée à plus de 1000 habitants ; aujourd’hui, elle a diminué de manière significative pour atteindre un nombre inférieur à deux cents.
En dépit de son nom d’origine, Infierno n’abrite pas seulement des Ese Eja qui y sont nés. Historiquement, la terre connue aujourd’hui sous le nom de Native Community of Infierno n’était qu’un morceau de la vaste étendue de terre d’origine des Bawaja Ese Eja. Vers la fin des années soixante, le gouvernement militaire Péruvien de Velasco vota une loi qui accordait de la terre aux peuplades indigènes. Dès ce moment, les peuples indigènes commencèrent à réclamer légalement des territoires identifiés comme communautés d’origine. En 1976, les familles vivant à Infierno reçurent la propriété légale de 9558 hectares, situés de part et d’autre de la rivière Tambopata, à environ 40 km de Puerto Maldonado, sous le statut légal de « communauté indigène ».

Séjour recommandé
Titre : Excursions naturalistes dans une des forêts les plus riches d’Amazonie
Dates : tous les jours
Prix : 3 jours/2 nuits : US $190, 4jours/3 nuits : US $280 , nuit
supplémentaire : US$90.00
supplément « single » : US$35.00 (par nuit)
Activités : Excursions écologiques et histoire naturelle ; découverte de la faune amazonienne (loutre de rivière géante, perroquets, aras, petits singes..). Interactions avec la communauté Infierno. Randonnée guidée ethnobotanique ; Visite de la ferme (swidden-fallow ?) ; Excursion en catamaran sur le lac Owbow ; Tour d’observation dans la canopée ; Macrophotographie d’insectes et de grenouilles,
Hébergement : technologie à impact limité, architecture traditionnelle et matériaux locaux
Organisme de soutien
Rainforest Expeditions est une société d’éco-tourisme Péruvienne fondée en 1922 par Eduardo Nycander et Kurt Holle dont le but est d’offrir des expériences éducatives authentiques tout en soutenant la protection de l’environnement dans des régions où nous opérons. Nos deux lodges situées dans la forêt tropicale humide de Tambopata, Posada Amazonas et Tambopata Research Center, reflètent notre philosophie. A Tambopata Research Center, nous recevons des touristes et des chercheurs depuis 1989, observant ainsi la symbiose qui s’opère entre un éco-tourisme consciencieux et de qualité et la recherche scientifique. Posada Amazonas, ouverte en 1998, a été reconnue lodge et destination touristique nature d’exception. Par ailleurs, grâce à notre partenariat avec le village d’Infierno (se reporter au Infierno Ecotourism Project), nous sommes considérés comme réussite pilote en termes de partenariat communautaire et privé, et nous nous employons à développer un produit d’éco-tourisme profitable qui catalyse réellement la protection des ressources naturelles, la faune et la flore.