Initiatives d’ ecotourisme autochtone dans le monde.



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Belize

TEA, Toledo Ecotourism Association

Toledo District, Belize South- East

par jp dicks, Pablo Ack, Wolfgang Strasdas - publié le , mis à jour le

Texte : Wolfgang Strasdas, _ Photos : Plenty International


Dès les premières lueurs du jour, le village Maya s’anime. Les enfants quittent la maison pour aller chercher de l’eau et du bois et leurs mères préparent les tortillas de la journée sur un feu chaud. Puis les hommes partent pour leur journée de travail dans les champs de milpa (maïs) loin dans la forêt tandis que des douzaines d’élèves arrivent en courant au centre du village et que sonne la cloche de l’école. Le village est une île au milieu de la forêt tropicale humide. Un toucan au bec jaune se pose sur une branche au-dessus de nos têtes. Une foule de sons étranges nous parvient. Un faucon s’élève sur la cime des arbres à la recherche d’une proie. L’aube est bien le meilleur moment de la journée pour observer les oiseaux.
Après le petit-déjeuner, en compagnie de notre guide, nous remontons la rivière vers une des nombreuses grottes de la région. La chaleur s’installe : une invitation à se baigner dans l’eau claire comme du cristal. Il fait délicieusement frais, à l’entrée de la grotte, là où la rivière émerge des profondeurs mystérieuses. Avec le canoë, nous redescendons tranquillement le courant jusqu’au village.

Repos à l’ombre, devant l’auberge, l’après-midi. Quelques jeunes viennent discuter avec nous. À six heures juste, la nuit tropicale fond sur le village. Dans les huttes, les premières flammes commencent à vaciller car il n’y a pas d’électricité dans le village. Un simple mais délicieux dîner nous attend à la table de la famille qui nous héberge. C’est la coutume locale de laisser les invités entre eux pendant qu’ils mangent, mais le mari, sentant notre malaise, viendra vite nous rejoindre. De retour dans nos chambres avec des lanternes à huile, nous écoutons les bruits de la nuit. Une douche à l’aide d’un seau avant que chacun s’endorme sous sa moustiquaire…

Belize, avec ses jungles intactes et la deuxième barrière de récifs du monde, est devenue une destination privilégiée de l’écotourisme. Ce qui est moins connu, c’est que sa population - 250 000 habitants -est l’une des plus diverses au monde sur le plan ethnique : indigènes Maya, Créoles noirs et Afro-Caribéens Garifuna se mêlent aux descendants d’autres immigrants venus d’aussi loin que l’Inde. L’association d’écotourisme de Toledo (TEA), fondée en 1990, a été une des premières organisations de tourisme indigène d’Amérique Centrale, et peut-être même du monde, à chercher à bénéficier de la diversité culturelle et ethnique et de l’intérêt que beaucoup de voyageurs manifestent pour les expériences authentiques. Installée dans le district reculé de Toledo, au sud de Belize, avec ses forêts tropicales luxuriantes, sa faune variée, ses cascades et ses grottes, l’association regroupe huit villages traditionnels Maya de l’arrière pays montagneux et du village Garifuna de Barranco, sur la côte. Outre l’observation des oiseaux, de la découverte d’anciennes ruines Maya, des ballades en canoë et des randonnées à travers la forêt avec un guide local, les touristes se verront offrir des spectacles culturels et des leçons d’artisanat. Mais avant tout, c’est le quotidien des villageois qu’ils apprendront à connaître et qui les passionnera. Les Garifuna et la plupart des Maya parlent anglais, la langue nationale de Belize : un atout supplémentaire. L’hébergement se fait dans de petites auberges, simples mais propres et confortables et bâties dans un style traditionnel.

Localisation
Le district de Toledo est situé à l’extrême sud de Belize, entre la chaîne des Montagnes Maya, la frontière du Guatemala et le golfe du Honduras. Punta Gorda est la capitale de la région et sa seule ville dotée d’hôtels. On y accède par autobus (un jour entier de voyage, dont une grande partie sur des pistes, depuis Belize City) ; par petit avion (une heure environ de Belize City) ; ou par bateau, sur le golfe du Honduras, depuis les villes guatemaltèques de Puerto Barrios ou Livingston (deux heures à peu près). Pour atteindre les villages, il y a deux possibilités : soit par autobus, soit par voiture de location (ces dernières étant très cher au Belize). Contacter le bureau de la Toledo Toursim Association pour les horaires.

Contact
Toledo Ecotourism Association
Punta Gorda Town, Belize/C.A.
Ph. +501 702 2119
www.teabelize.org
Email : jpdicks@yahoo.com

Information Culturelle
Belize a appartenu à la civilisation Maya qui a dominé de grandes parties de l’Amérique Centrale pendant tout le Moyen Âge (européen). Les villages du Toledo sont aujourd’hui encore presque exclusivement Maya. Ses habitants ont un mode de vie traditionnel avec une agriculture par brûlis. Le maïs est leur nourriture principale, mais aussi le riz, les haricots et le cacao. Les langues anciennes, Kekchi et Mopan, sont encore largement répandues, mais presque tout le monde parle anglais comme deuxième langue et (parfois) espagnol.

Même si les Maya sont très fiers de leur identité culturelle, les jeunes ont de plus en plus de difficulté à vivre dans ces villages et cherchent du travail ailleurs. Une démographie en forte croissance, l’agriculture par brûlis, et l’exploitation commerciale par des sociétés extérieures constituent une menace de plus en plus sérieuse pour l’environnement naturel au Toledo. Aussi le tourisme apparaît-il comme une source de revenus supplémentaires à de nombreuses familles.

Les Garifuna sont le deuxième groupe ethnique distinct au Toledo. Originaires des Îles Caraïbes et descendants d’esclaves africains libérés et d’Indiens indigènes des Caraïbes, ils sont arrivés sur les côtes de Belize au début des années dix-huit cents. Les Garifuna ont réussi à conserver leur propre langue qui contient des éléments africains marqués. Le Punta Rock, adaptation moderne des percussions Garifuna, est maintenant très populaire dans tout Belize. L’économie Garifuna repose largement sur la pêche. Les Garifuna ont réussi mieux que les Maya à s’intégrer à la société dominante de Belize et réussissent bien à Belize City ou aux États-Unis. L’émigration est par conséquent un problème majeur dans les villages.

Références
Maya Atlas - The Struggle to Preserve Maya Land in Southern Belize, North Atlantic Books, Berkeley, États-Unis, 1997.
National Geographic, « The Garifuna - Weaving a Future from a Tangled Past », par Susie Post Rust, septembre 2001.

Organisme de soutien
Grâce aux conseils d’un expatrié, l’Association d’écotourisme de Toledo (TEA) n’a pas fait que développer un produit touristique attractif. Elle a conçu une structure qui intègre les principes essentiels du commerce équitable et du tourisme communautaire. Tous les services sont fournis par les membres de la communauté ; plus de 80 % des revenus générés alimentent l’économie locale. Un système de rotation permet à tous les villages et à chaque famille d’en bénéficier en toute égalité. 4 % de ces revenus sont affectés à un fonds social. In 1997, l’association a reçu la très enviée « ToDo Award », remise annuellement au Salon international du tourisme à Berlin et
qui récompense les entreprises de tourisme responsable (www.studienkreis.org). Elle a toutefois rencontré de nombreux obstacles, parmi lesquels l’ouragan Iris qui s’est abattu sur la région pendant l’automne 2001. Plusieurs auberges gérées par l’association ont été détruites. Elles ont néanmoins été reconstruites tout comme la forêt tropicale a souffert de ce désastre naturel mais est aujourd’hui de nouveau florissante. Le district est plus vibrant de vie que jamais. C’est l’un des rares endroits au monde où continuent de co-exister la tradition Maya et les modes de vie de groupes ethniques qui ont leurs raciness culturelles dans le monde entier.

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